De 1 à 6 acres de terres

Financement agricole en Ouganda : la différence entre 40 et 240 ares

Le lundi 28 août 2017 au matin, nous sommes invités par le groupe de solidarité Kyererezi à Nyambindo, dans l’ouest de l’Ouganda. Le rendez-vous est fixé dans l’église du village, un bâtiment rectangulaire pourvu d’une toiture en étain. Le pasteur et les conseillers en crédit de Madfa Sacco nous souhaitent la bienvenue. Les membres du groupe ne sont pas encore tous là : en raison des pluies diluviennes plus tôt dans la matinée, la plupart des femmes ne peuvent nous rejoindre que plus tard.

 

Nous parcourons le programme de la journée avec les conseillers en crédit. Ils travaillent pour la coopérative d’épargne et de crédit Madfa (Mafindi District Farmers Association) (Madfa Sacco), une initiative de l’association locale de fermiers. Sacco compte plus de 18 000 membres et le portefeuille de crédit s’élève à environ 0,6 million d’euros. Les crédits collectifs sont un important levier pour atteindre les fermiers les plus démunis. Nous comprendrons rapidement que ces groupes jouent un important rôle sur le plan social. C’est ici que les membres se rencontrent, épargnent ensemble, prennent des décisions en matière de crédit mais reçoivent aussi des informations sur les techniques agricoles et les diverses formations proposées.

Près environ une demi-heure, la réunion commence par une prière et la signature du livre d’or. Les enfants et les jeunes viennent se joindre à la réunion. Kyererezi est un groupe qui se compose de personnes diverses, mais il est clair que ce sont les femmes qui sont à la barre. Les hommes ont toutefois aussi leur mot à dire en coulisses, car les femmes ne peuvent devenir membres du groupe sans leur consentement. Joviale, la présidente présente tous les administrateurs. Depuis 11 ans, ils forment un groupe très soudé. L’épargne est leur point commun. Ils sont très satisfaits des services financiers de Madfa Sacco. Selon les normes ougandaises, le taux d’intérêt moyen de 25 % est un des taux les plus bas et personne ne s’en plaint. Pour le groupe, l’assurance crédit de 1,3 % pourrait quant à elle être réduite pour s’élever à 1 %. Bien plus que des prêts d’argent, les membres ont besoin de semences et d’engrais de qualité.

Outre des crédits collectifs, Madfa Sacco propose des prêts individuels. Le trésorier du groupe a investi dans 200 poules pondeuses qui lui permettront de gagner un complément de revenu pour sa famille. La présidente explique en quelques mots l’impact pour le revenu des membres : « Avant, on travaillait sur 40 ares. Aujourd'hui, la superficie est en moyenne de 240 ares. » Les études des enfants sont également un point important de l’ordre du jour. S’ils n’ont pas assez de revenus, les membres peuvent se voir octroyer un prêt « scolarité ».

À la fin de la réunion, une surprise nous attend : les jeunes, qui s’étaient retirés un moment, entrent avec des instruments de musique. Sur un rythme de plus en plus rapide, garçons et filles dansent avec un enthousiasme contagieux. Comme dit auparavant, un groupe de solidarité est bien plus qu’un collectif qui effectue des transactions financières. Nous prenons congé de l’assemblée après avoir remercié tout le monde et donné une petite contribution aux danseurs. Le microfinancement n’a de sens que s’il permet aux clients d’améliorer leurs conditions de vie. Nous sommes encore plus motivés à soutenir une société comme Madfa Sacco en collaboration avec BRS et l’ONG Trias. En novembre 2017, une équipe de collaborateurs de BRS et de KBC reviendra sur place avec un programme de formations afin d’améliorer l’octroi de crédits (surtout des crédits pour des projets agricoles).

Extrait du compte rendu au partenaire BRS de la visite d’évaluation de Hugo Vanderpooten (conseiller BRS) et de Kurt Moors (coordinateur de programmes BRS) en août 2017