Rencontre avec Béatrice, notre héroïne du Rwanda.

16 novembre 2021

Nous l’avons vue pour la dernière fois il y a six ans : Béatrice Muhawenimana qui, lors d’une soirée Zuidgebreid en 2015, nous a impressionnés ainsi que notre public BRS par son sourire attachant et son histoire passionnante. 

Béatrice est pour nous une héroïne, qui continue de nous inspirer ! C’est pourquoi Jarek Chuchla de BRS s’est rendu chez elle au Rwanda à l’occasion de la SAM (Semaine africaine de la microfinance) bisannuelle. Jarek nous raconte.

 

Béatrice est toujours la même femme forte que nous avons connue. Son téléphone qui sonne constamment collé à l’oreille, elle règle ses affaires en vraie professionnelle. En même temps, elle accueille chaleureusement ses clients dans l’une de ses boutiques de tissus à Kigali et, avec son sourire charmant, répond patiemment à toutes nos questions. Et après six ans, nous en avons beaucoup, des questions… 

Est-elle toujours cliente d’une institution de microfinance ? Elle me regarde intensément et me répond avec sérieux : « Bien sûr, ils m’ont aidée à grandir ! ». Mais elle ajoute qu’elle a désormais aussi un prêt en cours auprès d’une banque commerciale. Plus tard, j’apprendrai l’usage qu’elle en fait. 

Nous abordons évidemment aussi le sujet du coronavirus. J’apprends qu’elle et son mari Aimable ont été contaminés l’été dernier. Heureusement sans conséquences graves. Ressent-elle les conséquences économiques de la crise du Covid ? Oui, beaucoup de ses clients ont perdu leur travail, d’autres dépensent moins. Mais elle espère que l’économie rwandaise se rétablira très rapidement. Elle n’a dû licencier personne et emploie dix personnes dans ses deux boutiques et dix dans son atelier de couture. 

Je lui demande comment elle se débrouille actuellement pour ses voyages. Avant le corona, elle se rendait à Dubaï chaque mois pour acheter des tissus. Béatrice raconte qu’elle ne s’envole plus qu’une fois tous les deux mois pour Dubaï. Mais entre-temps, elle se fournit également en Turquie et prévoit même de se rendre en Chine ! 

Son témoignage palpitant en Belgique m’avait appris à l’époque qu’elle avait cinq enfants : quatre garçons et une fille. Deux de ses fils et sa fille sont avec nous pendant notre entretien, car son commerce est devenu un peu une affaire de famille. Tout le monde, sauf un fils, parti à Chypre pour ses études, est impliqué. « Chacun d’entre nous peut coudre des vêtements », raconte le plus jeune. « Notre maman trouvait cela très important et nous l’a appris à tous. » Entre-temps, j’apprends aussi que le fils aîné, Bruce, est devenu papa il y a un an et demi. Félicitations, grand-mère Béatrice ! 

Je lui demande si cela lui donne peut-être une raison de travailler un peu moins et de se reposer un peu plus. Elle réagit avec ce beau sourire qui avait conquis nos cœurs en 2015. « Non, aussi longtemps que je le peux, je ferai de mon mieux pour donner aux gens des emplois et des opportunités, tout comme on me les a donnés. » 

Et elle commence à parler de son nouveau projet. Je reste bouche bée d’admiration quand elle raconte qu’elle a ouvert l’année dernière un centre pour les jeunes et les femmes issus de familles pauvres dans le district de Gakenke, dans le nord du Rwanda. Ils y apprennent à coudre à la machine, à réparer des vêtements et des chaussures et à travailler avec l’ordinateur. Béatrice me corrige immédiatement quand je note que les premières formations ont été suivies par dix-sept personnes. Dix-sept ? Non non, ils étaient septante ! Son rêve est de lancer ce projet dans d’autres provinces du Rwanda. Elle reconnaît toutefois que le modèle actuel n’est pas réalisable. Elle finance en effet tout, y compris via l’emprunt commercial : de la location du centre aux salaires des quatre instructeurs, de la secrétaire et du directeur en passant par l’achat de machines à coudre et d’ordinateurs. Mais elle sourit et dit que de bonnes personnes l’aideront certainement dans ces projets. 

Je ris moi aussi et je lui demande si elle a d’autres nouvelles surprenantes à me donner ? « Eh bien », dit-elle, « j’aimerais retourner en Belgique pour revoir tous ces gens fantastiques ! Et bien sûr pour déguster les bonnes pralines ! » … Inutile de vous dire que son sourire s’est encore élargi lorsque je lui ai remis la boîte de délicieuses pralines que j’avais ramenée spécialement pour elle de Belgique, en lui disant qu’elle est toujours la bienvenue chez nous. Nous vous donnons dès lors rendez-vous pour l’année prochaine ! 

Cette section ne s'affiche pas parce que vous n'avez pas accepté ces cookies.
Si vous voulez quand même voir le contenu, vous pouvez modifier les paramètres en bas de la page.

Il faut oser

Une entrepreneuse rwandaise en Dubai

Béatrice Muhawenimana possède un atelier de couture dans la capitale, Kigali. À ses débuts, un microcrédit de 370 euros lui a permis d’acheter des vêtements en Ouganda. Aujourd’hui, elle occupe douze personnes et génère un revenu décent pour son ménage, qui compte cinq enfants. À présent, elle se rend tous les mois à Dubai pour y acheter des tissus. En 2015, elle est venue témoigner de ses débuts dans l’entrepreneuriat et avait même emporté quelques articles réalisés dans son atelier.