Coaching au Togo : retour à l’essentiel

Eric et Hugo accompagnent une association de coopératives d’épargne et de crédit au Togo 

« Vous devez vous adapter à la situation concrète et chercher ensemble ce qui marche dans un esprit de respect réciproque. »

Accompagner des institutions de microfinance dans leur croissance vers l’autonomie est un parcours semé d’embûches. Eric De Vos et Hugo Vleeracker, bénévoles auprès de BRS, peuvent en témoigner. Après leur carrière active à la banque, ils accompagnent depuis quelques années déjà une association de coopératives d’épargne et de crédit dans la région très pauvre du nord du Togo. Un coaching qui demande persévérance et confiance. 

 

En route vers l’autonomie financière

Hugo : « L’UCMECS est une organisation locale qui chapeaute huit coopératives d’épargne et de crédit. Avec BRS, nous nous engageons à aider des organisations telles que celle-là sur la voie de l’autonomie financière. L’UCMECS réalise d’énormes progrès mais rencontre des difficultés à devenir complètement autonome dans une conjoncture économique très difficile. Pourtant, il faut agir vite, car l’aide financière provenant de l’extérieur va en diminuant. » 

Eric : « Des problèmes se posent sur de nombreux fronts. L’un d’entre eux est le processus de crédit. En concertation avec la direction de l’UCMECS, nous avons épinglé les problématiques. Et nous sommes parvenus à la conclusion que l’heure est grave, il est temps d’intervenir. Pour le moment, nous travaillons avec eux à un plan d’approche concret. Mais ce n’est pas simple. » 

Ils restent responsables

Hugo : « Ce qui semble évident pour nous ne l’est pas toujours pour eux. Sur certains points, ils manquent de connaissances et d’expérience. Et, étant donné qu’il est très important qu’ils atteignent le seuil de rentabilité au plus vite, nous procédons comme suit : nous formulons une proposition d’action, ils l’analysent et déterminent s’ils peuvent s’y retrouver. » 

Eric : « De la sorte, ils apprennent sur le tas. Puis, naturellement, nous développons cette proposition en fonction de leur apport et de multiples retours d’information réciproques. Par ailleurs, nous mobilisons autant que possible leur comité directeur. Il est important que ces personnes se sentent impliquées et restent responsables des décisions prises. » 

Chercher ensemble une solution efficace

Hugo : « Cette façon de procéder demande aussi du temps. Mais il est primordial d’agir ensemble. Leur dire comment faire du haut de notre piédestal ne présente pas d’intérêt. Du reste, ils ne l’accepteraient pas. Vous devez vous adapter à la situation concrète et chercher ensemble ce qui marche et ce qui ne marche pas dans un esprit de respect réciproque. » 

Eric : « Coacher des institutions de microfinance est un travail sur mesure. Et, avec l’UCMECS, cette façon de procéder fonctionne bien. Le courant passe bien entre nous et la confiance s’installe progressivement. Entre-temps, ils savent que nous connaissons la banque, que nous sommes sincèrement intéressés et que nous mettons nos connaissances et notre expérience à leur service. » 

Un coach au bord du terrain

Hugo : « Si nécessaire, nous les coachons. Et nous leur donnons les informations et les conseils qu’ils demandent. Mais nous restons au bord du terrain, hein. Ce sont eux les joueurs. En fin de compte, ils doivent écrire leur histoire eux-mêmes. »

Eric : « Je pense vraiment qu’ils sont lancés. En 2018, leur équipe de management est venue en Belgique pour mieux comprendre le fonctionnement d’une banque à part entière. Cet élargissement de leur horizon bancaire les aide assurément à s’épanouir davantage. Oui, je suis optimiste ! Nous allons vraiment dans la bonne direction. » 

Lors de leur mission en 2016, ils ont été rejoints par Mathieu Tallon. Découvrez son récit ici. 

Retour à l’essentiel

Connaissant l’Afrique et BRS, c’est avec plaisir que Mathieu Tallon, collaborateur KBC Stratégie et Développement en Belgique, s’est rendu au Togo pour BRS en mai 2016. Sa première mission l’a conduit à Dapaong, où se situe le siège de l’UCMEC (Union des Caisses Mutuelles d’Épargne et Crédit des Savanes).

« Je connaissais déjà BRS en raison de ma formation en économie. J’ai rédigé une thèse sur le microfinancement et en tant que centre de recherche réputé, BRS n’a pas manqué d’être mentionné dans mon travail. Lorsque j’ai lu que KBC cherchait un conseiller avec des connaissances analytiques financières, je me suis dit que c’était ma chance !

 

L’UCMECS, le projet auquel j’ai participé, est une union de coopératives d’épargne et de crédit au nord du Togo, à laquelle BRS et l’ONG Louvain Coopération collaborent depuis longtemps déjà. Elle dispose d’une bonne base de clients et d’excellents chiffres de remboursement mais ne parvient pas à être suffisamment rentable pour fonctionner de manière autonome. Avec les personnes qui travaillent pour cette institution de microfinancement, j’ai exploré différentes pistes stratégiques afin d’examiner comment elle pourrait s’autogérer du point de vue financier. 

J’avais déjà répertorié tous les flux financiers avec Issa, responsable financier de l’UCMECS. Nous avons ensuite effectué des tests de résistance en simulant tous les scénarios imaginables afin de voir quel est leur effet sur les résultats financiers. Au cours de l’atelier, nous avons discuté de ces différents scénarios avec les responsables des huit agences bancaires locales et les collaborateurs du siège et nous avons réfléchi à des solutions permettant d’améliorer la capacité financière et l’autonomie de l’organisation.

Ma mission sur place a consisté à veiller à ce que cet atelier se déroule au mieux. Madame Fessoribe, ou madame la directrice comme on l’appelait, était également présente. Comme les participants ont moins tendance à s’exprimer dans un grand groupe si le directeur est le premier à prendre la parole, je leur ai demandé de réfléchir à des solutions en petits groupes afin que davantage d’idées soient formulées et que tout le monde puisse s’exprimer. Les solutions proposées ont ensuite fait l’objet de discussions au sein du groupe au complet. Celui-ci a pu compter sur les connaissances et l’expérience de deux autres membres de l’équipe BRS : Hugo Vleeracker, ancien directeur de KBC Bank & Verzekeringen, et Eric De Vos, ancien administrateur délégué de CBC Banque. Leur expérience du domaine de la banque leur a permis de fournir un feed-back de fond mais ils n’ont pas dit ce qu’il fallait faire ni comment. BRS pose les bonnes questions et propose certaines idées afin de permettre aux gens de trouver eux-mêmes des solutions. C’est très important.

Au Togo, j’ai beaucoup appris sur l’essence des activités d’une banque, l’importance de moyens propres par exemple, ou de bons ratios de crédit, mais aussi sur l’importance d’une institution financière dans le développement d’une région. Dans les années 80 et 90, les gens mouraient de faim dans le nord du Togo. La population a désormais des excédents et envisage de fournir d’autres marchés comme prochaine étape de son développement. Le fonctionnement d’une grande banque est complexe et il est parfois difficile de distinguer l’essentiel. Grâce à mon expérience sur place, je comprends à nouveau l’importance des institutions bancaires et d’assurance, ici également. Je suis revenu plus motivé que jamais ! »