Dehors, la température frôle le point de congélation, mais à l’intérieur du Bar Afrique de Leuven, le froid ne se fait pas sentir. Natalie Vanden Eynde, coordinatrice de programme chez BRS, y rencontre deux des bénévoles de KBC qui l’ont accompagnée à Mombassa au Kenya en novembre 2024 : Arnold Rahier et Alain Vandervelden. L’un est conseiller chez KBC Assurances, l’autre est chef de projet auprès de la filiale ADD. Tous deux connaissent BRS depuis longtemps et sont particulièrement bien placés pour animer un atelier sur la microassurance. L’accueil est chaleureux et l’ambiance est joviale et décontractée.
Natalie : Chaque année, BRS organise un atelier thématique pour les partenaires et les non-partenaires. Avec pour objectif d’inspirer les participants et de leur permettre d’échanger leurs expériences. Cette fois, l’atelier portait sur la microassurance. Les participants provenaient de huit institutions de microfinance (IMF) d’Ouganda, d’Éthiopie, du Rwanda, du Malawi et du Kenya. Trias, partenaire de BRS, était également présent, tout comme Johan Tyteca, conseiller de l’Institut BRS.
Alain : Les microcrédits permettent aux personnes en situation de pauvreté de créer leur propre revenu. Mais l’inconvénient, c'est qu'ils génèrent également une dette. Faisal, père de sept enfants qui vendait des pots en aluminium, a été percuté par un véhicule, s'est fracturé le fémur et n'a plus pu travailler pendant quelques mois. Sans revenus et faisant face à d’innombrables coûts, il a eu du mal à survivre, qui plus est à rembourser son crédit. Compte tenu de notre expérience chez KBC Banque et Assurance, nous voulons protéger au mieux les personnes comme Faisal en combinant des produits bancaires et des assurances. Et nous le faisons en guidant les IMF dans la mise en place d'une micro-assurance liée à leurs produits bancaires.
Arnold : Dans le cas des microassurances, elles doivent non seulement être financièrement rentables, mais aussi apporter une plus-value sociale.
Natalie : On ne peut pas simplement copier-coller les produits KBC. Les micro-entrepreneurs vivent au niveau (ou juste en dessous) du seuil de pauvreté et se trouvent dans une situation beaucoup plus vulnérable. À cela s'ajoutent une série de facteurs sociaux tels que l'instabilité politique et l'impact du changement climatique qui se fait sentir de façon beaucoup plus aiguë dans le Sud.
Alain : La vulnérabilité de ces entrepreneurs fait que les microassurances ne doivent pas être trop chères. Et doivent contenir le moins de conditions d’exclusion possible. En échange de la prime qu’il paie avec difficulté, l’assuré doit obtenir un rendement maximal.
Natalie : Les micro-assurances sont donc personnalisées. Car chaque client a des besoins différents.
Arnold : C’est pourquoi, dès le début de l’atelier, nous nous sommes concentrés sur les besoins des clients des IMF. Nous n’avons pas commencé par parler des produits d’assurance, mais nous nous sommes attardés sur ce qui peut mal tourner. Votre enfant tombe malade, vos poules meurent, votre fournisseur de matières premières manque à ses obligations... Quels besoins en découlent ? Et pour en avoir une vision très concrète, nous avons visité les clients de l’IMF Vision Fund Kenya en petits groupes.
Alain : Notre groupe s’est rendu chez Fatuma, une femme qui élève des poules et exploite un point d’eau où les gens peuvent acheter de l’eau potable.
Elle a immédiatement mis en avant deux besoins très différents. « Les jeunes entrepreneurs ont besoin de soutien. Ils me demandent des conseils, mais je ne suis pas coach. » En outre, certaines de ses poules sont mortes. De ce fait, ses revenus ont diminué et elle a craint de ne pas pouvoir rembourser son microcrédit.
Natalie : Ce n’est qu’après les discussions que les participants ont développé un prototype de produit d’assurance, qu’ils ont présenté à un jury à la fin de l’atelier. Et nous leur avons demandé de penser de manière holistique.
Alain : Vous pouvez bien sûr développer une assurance qui couvre la perte des poules. Mais qu’en est-il des besoins de ces jeunes entrepreneurs ? « En tant qu’assureur, nous ne pouvons rien y faire », ont réagi les participants. Mais si vous réfléchissez de manière plus large, vous pouvez peut-être agir malgré tout. Vous pouvez par exemple mettre en place un mentorat, assorti d’une assurance maladie obligatoire ? Sur les deux dollars que les jeunes entrepreneurs paient pour l'accompagnement, un dollar va à une mutualité. Ils reçoivent ainsi une formation, sont protégés et, en tant qu’IMF, vous courez moins de risques.
Arnold : Toutes ces discussions ont montré l’importance d’être à l’écoute du client. Vous aboutissez à des solutions très différentes de ce que vous auriez imaginé au départ.
Alain : L'échange d'expériences a également été important. Au cours de la semaine, chaque participant a pu parler d’un aspect particulier du travail de son IMF. Quelque chose qui avait bien fonctionné ou qui, au contraire, n'avait pas fonctionné. Car à partir de ce qui ne fonctionne pas, on peut apprendre beaucoup les uns des autres. Et c’est précisément l’objectif de cet atelier.
Arnold : Le partage d’expériences personnelles nécessite bien sûr la confiance. Et cette confiance était présente, dès le début. Ils ont écouté les histoires de chacun avec intérêt, se sont également retrouvés pendant les pauses et sont restés en contact même après l’atelier. Chacun avait le même objectif : apprendre les uns des autres.
Natalie : À la fin de notre atelier, tous les participants ont reçu un certificat, décerné par le consul honoraire du consulat belge à Mombassa. Un moment magnifique, où je n'ai vu que des visages heureux.
Natalie : C'était une semaine inspirante, dans un cadre magnifique. Par l’intermédiaire d’Olivier Vanden Eynde, nous nous nous sommes retrouvés au hub de son organisation Close the Gap. Soutenus par du matériel informatique recyclé provenant de grandes entreprises, de jeunes entrepreneurs d’Afrique de l’Est s’efforcent de trouver des solutions aux problèmes locaux. Un monde très dynamique et créatif, vraiment particulier.
Arnold : C'est surtout la préparation qui m'a enrichi personnellement. En partant de zéro, nous nous sommes retrouvés avec les besoins des micro-entrepreneurs comme point de départ. J'ai ainsi retrouvé l'essence même des assurances, à savoir prendre soin de ce dont les gens ont vraiment besoin. C’est tellement utile de se le voir rappeler.
Alain : Ce qui m’a fait le plus plaisir, c’est de voir que les assurances peuvent réellement changer les choses pour ces IMF et dans la vie des petits entrepreneurs. Je trouve gratifiant de pouvoir utiliser les connaissances et l'expérience que j'ai acquises grâce à KBC pour les organisations qui en ont besoin.
Et nous avons formé une très belle équipe, bien sûr. J'ai adoré pouvoir faire cela avec vous !