José Osorio, artiste-entrepreneur hondurien

José Osorio, né au Honduras, est un entrepreneur amateur d’art qui, grâce à la contribution de Cera, de BRS et de l’ONG Trias, a bénéficié d’un microcrédit et d’une formation pour faire sortir de terre son atelier.

Inspiré par Gaudi, il a commencé à expérimenter la technique de la mosaïque. Le mosaïste a reçu de Pilarh, partenaire de Trias Amérique centrale et BRS, un petit prêt de 500 dollars pour l’achat du matériel de base. En échange, il devait rédiger un business plan et suivre des formations en gestion d’entreprise.

Avec sa compagne Katty, il a lancé Trencadis, sa propre entreprise qui occupe aujourd’hui 14 jeunes collaborateurs. Ainsi, José est devenu un entrepreneur qui entend transmettre son expérience aux jeunes. Il a aujourd’hui des projets dans différentes villes et son entreprise est active dans tout le pays. L’intérêt pour son entreprise grandit même à l’étranger. Il rêve d’avoir ses propres galeries d’art, où il pourrait exposer ses mosaïques. Et il louche aussi vers les marchés de l’exportation.

En 2017, à l’occasion du 125e anniversaire de Cera et du 25e anniversaire de BRS, il a créé la grande mosaïque « Profondément enracinée, largement ramifiée » dans le cœur historique de Louvain.

 

Entretien avec l’artiste-entrepreneur hondurien José Osorio

José, comment un artiste hondurien comme toi débarque-t-il en Belgique pour y réaliser une mosaïque ? 

José : « C’est le résultat de plusieurs rencontres. D’abord et surtout entre Pilarh et moi. Pilarh est une institution qui octroie des microcrédits au Honduras et qui a été la première à croire en moi et en mon rêve. J’ai obtenu un crédit de 480 euros pour l’achat du matériel de base, ce qui m’a permis de démarrer mon activité. Je n’avais pourtant aucune garantie à apporter, juste la conviction d’avoir une bonne idée et qu’en travaillant, je m’en sortirais. J’ai dû établir un business plan et j’ai suivi une formation en gestion d’entreprise. Avec ma partenaire Katty, nous avons lancé notre propre entreprise Trencadis. »

« Plus tard, j’ai rencontré Kurt Van den Neste, qui travaille pour BRS. Pilarh avait organisé une visite de l’atelier où nous fabriquons nos mosaïques pour montrer que, grâce à leur accompagnement, j’avais pu accomplir mon rêve. Voire beaucoup plus, car mon affaire donne désormais du travail à 14 personnes ! Kurt semble avoir apprécié mon histoire, puisqu’après être rentré en Belgique, il m’a téléphoné pour savoir si je serais intéressé de réaliser une grande mosaïque à Louvain. » 

Tu parles de ton atelier comme d’une entreprise. Es-tu un entrepreneur ou un artiste ? 

José : « En réalité, je me sens beaucoup plus entrepreneur qu’artiste. Naturellement, nos mosaïques prennent une plus-value par leur beauté et par le fait qu’elles ont été confectionnées avec beaucoup de soin. Mais ce qui me plaît le plus, ce n’est pas tant de créer des œuvres d’art que de pouvoir transmettre mes connaissances et ma technique et de donner du travail à d’autres personnes. » 

« Si j’étais d’abord un artiste, je travaillerais sans doute davantage pour mon propre compte. Et ce n’est pas du tout mon esprit. Au contraire. Je suis convaincu qu’aider les autres est l’une des clés de mon succès. Sans cela, je ne serais certainement pas ici. »  

« La peur est le plus grand ennemi d’un entrepreneur. Ne baissez pas les bras si vous ne réussissez pas du premier coup. Apprenez de vos erreurs et continuez ! » 

Cette mosaïque est-elle une nouvelle étape dans ta carrière ? 

José : « Absolument. C’est comme un cadeau du ciel. Qui aurait pu imaginer cela il y a deux ou trois ans ? Pas moi en tout cas. Vous savez, j’ai été inspiré par les œuvres de Gaudí, puis j’ai commencé à expérimenter la technique de la mosaïque. Ce type de mosaïque n’existait pas au Honduras. Cela signifie que j’ai dû partir de zéro pour trouver des acheteurs. Il a fallu convaincre les clients un à un. Et je peux bien l’avouer : les 6 premiers mois, je n’ai rien vendu. Nada. Or, la peur est le plus grand ennemi d’un entrepreneur. Ne baissez pas les bras si vous ne réussissez pas du premier coup. Apprenez de vos erreurs et continuez ! Pour nous aussi, à force de courage et de persévérance, les choses se sont mises en place. »

« Nous avons commencé par notre quartier, pour nous étendre petit à petit jusqu’aux sept autres grandes villes du Honduras. Et je me prends tout doucement à rêver d’ouvrir un atelier en Europe. Parce que j’y sens beaucoup d’opportunités. L’artisanat est beaucoup plus valorisé en Europe. Dans mon pays, mes œuvres ne sont rien de plus que des commandes. Un portrait. Une plaque de rue. Un produit. Ici, en Europe, elles sont considérées comme des œuvres d’art. Avec une telle appréciation, je me sens vraiment pousser des ailes. Et pas seulement sur le plan personnel. Je constate par exemple sur les réseaux sociaux que cette reconnaissance internationale nous donne également plus de crédibilité au Honduras. De nouveaux clients nous découvrent ainsi. »

Qu’en retiendrez-vous quand vous serez de retour au Honduras ? 

José : « Quoi qu’il advienne, cette mosaïque pour Cera restera toujours très spéciale à mes yeux. Tout d’abord, parce que c’est ma première réalisation à l’étranger. C’est même la première fois que je sors de mon pays. Mais ce qui m’a surtout fasciné et touché, c’est l’esprit de coopération qui animait toutes les personnes de BRS. C’était formidable de voir tous ces bénévoles s’impliquer autant. » 

« Pour la première fois, une œuvre d’art n’est pas le résultat de mon seul travail, mais d’une collaboration enthousiaste dans laquelle chacun a apporté un peu de soi. Nous avons rassemblé toutes ces petites pierres pour en faire un grand ensemble. Un peu comme dans une coopérative à laquelle tous les sociétaires apportent leur contribution. Cette mosaïque est devenue une métaphore de l’idée coopérative. J’ai plaisir à penser que tous les bénévoles qui ont collaboré à Louvain passeront devant cette mosaïque et se diront : j’y ai apporté ma petite pierre, au propre comme au figuré. »